Le mardi 4 octobre s’est tenue une pièce de théâtre à l’Amphithéâtre Pierre Vives organisée par l’APSH34. Tous les salariés et personnes accompagnées étaient conviés à l’événement pour voir la pièce
« Déraisonnable ». Déraisonnable est une pièce écrite par Denis Lachaud, produite pas la compagnie Les productions du sillon
et interprétée par Florence Cabaret.
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« Je l’ai trouvé sincère dans les émotions qu’elle transmettait. Il m’a semblé que cette personne a vraiment souffert énormément. Dans certaines parties de son spectacle elle était en larme, elle pleurait. J’ai trouvé que c’est une actrice vraiment capable et douée, c’est la première fois que je vois une pièce où il y a du vécu raconté, j’ai trouvé cela stupéfiant ça m’a abasourdi »
Hervé, personne accompagnée • Territoire de Montpellier Métropole
Une ambiance sobre avec un témoignage fort.
Tout commence dans une salle éteinte. Dans la pénombre, seuls deux faisceaux lumineux éclairent un carré blanc tracé au milieu de la scène et une femme assise sur une chaise blanche.
Cette femme, c'est Florence Cabaret, nous ne la connaissons pas (encore). Elle débute la représentation en racontant le jour où elle n'est pas allée jouer, elle erre dans la ville de Paris et sera retrouvée 48 heures après par la police. Elle apprendra par la suite qu'elle souffre de bipolarité à l'âge de 39 ans.
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"Percutant et "boulversifiant" ! 1h15 happée par le phrasé et le jeu d'actrice éblouissant de Florence Cabaret. Elle parvient à nous entrainer au coeur de ses vertiges et de ses défaillances avec maestria. Les personnages s’enchaînent, on la suit, on la poursuit, on fugue avec elle, on rit, on a peur. L’immersion dans sa descente aux enfers est telle qu’on ne sort pas indemne de cette performance. A voir absolument »
Benjamin Sikora • Chef de service EANM • Territoire de Montpellier Métropole
Une pièce de théâtre qui brise les tabous de la bipolarité.
Au travers de cette représentation, nous apprenons la vie de cette femme qui joue son propre rôle, mais aussi sur ce qu’est la bipolarité. Son témoignage est fort en émotion, elle revit les moments de sa vie, parvient à nous transmettre ses émotions vécues et tout cela avec brio. Ce témoignage est prenant et rythmé par différentes phases. Son témoignage, des moments musicaux représentant les épisodes de crise, qui donnent toute sa force à la pièce, mais aussi des témoignages des membres de sa famille.
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« A 20 ans, Florence Cabaret est comédienne. Alors qu'elle interprète Marie Tudor, une pièce de Victor Hugo, elle ne parvient pas à se présenter un soir et plante le spectacle. Là voilà grillée. Fin de la comédie ? Non pas tout à fait : plus de 20 ans après, la revoilà sur scène, qui nous raconte son histoire :
un long et douloureux parcours qui l'amène à 39 ans, à un diagnostic de bipolarité. Des phases maniaques, où l'on se croit toute puissante suivies par des phases dépressives où l'on a une forte envie d'en finir. Des séjours en psychiatrie, parfois contre son gré, des médicaments qui assomment, dont on s'aperçoit un peu tard qu'ils ne sont pas les bons. Seule sur scène, dans un décor minimaliste - une simple chaise dans un carré - Florence Cabaret nous raconte son histoire. Avec elle, on rit, on pleure, on est en colère (contre la psychiatrie parfois déshumanisante), et à la fin on applaudit à tout rompre l'actrice. Dans la salle, à l'invitation de l'APSH34, il y a des personnes qui ont peu ou prou connu les mêmes galères, des professionnels qui y reconnaissent des histoires similaires. La pièce, écrite à partir de son récit par Denis Lachaud, mise en scène par Catherine Schaub, après avoir connu un grand succès à Avignon cet été, sera jouée à Colomiers, à côté de Toulouse le 26 novembre. Vous pouvez y aller les yeux ouverts. »
Philippe Jouary • Animateur au sein de l'association Turbulences
La double d’elle-même à la fois actrice et personnage.
C’est une œuvre complète, où Florence Cabaret parle de son trouble sans détour, elle aborde le sujet des traitements, de la psychiatrie, du manque de suivi des personnes atteintes de troubles, de l’Etat et de leur absence sur le champ de la psychiatrie et elle le dit très clairement : « Tout le monde s’en fout des malades » A la fin de la représentation, résidents et salariés ont salué l’artiste avec une succession de long applaudissements qui s’est poursuivie par une session de questions réponses. Nous avons pu en apprendre plus sur Florence Cabaret. Cette pièce fut pour elle une libération qui lui a ôté la douleur en racontant son parcours.
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« Une femme, seule en scène sur une chaise, qui se raconte et qui nous raconte ….
Florence Cabaret nous a captivés durant une heure, tour à tour elle-même, Marie Tudor, son père, ses psychiatres, et bien d’autres encore…
Elle est comédienne, et comédienne de grand talent. Elle est aussi atteinte de trouble bipolaire, maladie peu et mal connue, que l’on dit caractérisée par des troubles récurrents de l’humeur, avec alternances d’épisodes maniaques et de phases dépressives entre lesquels l’humeur peut redevenir « normale »…
Sa maladie, apprend-on, s’est révélée alors qu’elle devait jouer le rôle de Marie Tudor dans le drame de Victor Hugo. Ce jour-là, elle n’est pas allée au théâtre, elle est devenue Marie Tudor. Elle s’est enfuie, s’est débarrassée de son identité, de ses papiers. Après plusieurs jours d’errance, elle a été objet de soins, mais a perdu son travail d’actrice, sa raison d’être.
La rencontre d’une amie, Catherine Schaub, qui est aussi metteure en scène, la contribution d’un écrivain, Denis Lachaud, leur compréhension, leur talent, ont permis la création de cette œuvre, qui est bien plus qu’une pièce de théâtre et qu’un spectacle.
Il s’agit en effet du récit de la reconstruction de sa vie, qui n’omet rien de sa maladie, de ses délires, de son enfance même, de son rapport à sa carrière et aux personnages qu’elle a incarnés, de sa renaissance. Le texte est celui de l’auteur, mais il est aussi celui de sa propre existence, qu’elle recrée et revit avec passion, humour et tendresse, en subjuguant son auditoire.
Beaucoup a été dit et écrit sur le théâtre, sur son rapport au réel, sur le dédoublement de l’acteur qui devient un autre… Que dire quant ce dédoublement est comme ici un retour à soi, une frontière entre le délire et la réalité, et que l’on devient le double de soi-même ? Peut-on alors parler d’une forme de thérapie, comme dans certaines civilisations ou pratiques (vaudou, chamanisme,…) où la transe devient instrument de guérison ou de salvation ? Comment ne pas penser aussi à Antonin Artaud et au « Théâtre et son double » ? Le théâtre serait de la sorte à la fois révélateur du trouble et élément de sa thérapie…
Mais il faut surtout et avant tout saluer le courage, le talent, la sincérité et aussi la simplicité de l’actrice et la réussite de sa prestation. La salle, composée d’un public divers, était suspendue au récit et au jeu de l’actrice.
Les questions, en fin de séance, très spontanées, marquaient l’intérêt et aussi l’appropriation de ce vécu pat l’auditoire ; Elles se rapportaient à la vie de chacun et de son entourage, voulaient comprendre et comparer…
Un grand bravo et un grand merci pour cette belle aventure partagée ! »
André De Courville • Administrateur de l'APSH34